L’isolement continue d’assassiner!
FRONT RÉVOLUTIONNAIRE DE LIBÉRATION DU PEUPLE
Bureau de presse
Communiqué n° 352 Date : le 9 janvier 2006
Du sang suinte des murs et des corridors des prisons de type F. Suivez ces traces de sang. Elles vous conduiront à l’AKP, le parti au pouvoir. Ces traces de sang parcourent en effet les corridors du ministère de la justice et les murs du cabinet du premier ministre de ce gouvernement. Ils ont à présent les sangs de Serdar Demirel sur les mains.
A peine arrivé au pouvoir, ce gouvernement avait versé le sang de Serdar Karabulut. C’était au mois de novembre de l’année 2002. Karabulut était la 98e personne assassinée par la tyrannie de l’isolement. En tout, l’AKP aura versé le sang de 24 personnes dans les cellules d’isolement.
Aujourd’hui, les mains sanguinolentes de l’AKP continuent de parcourir les cellules des prisons de type F, à la recherche de nouvelles proies.
Serdar Demirel était un résistant du 12e détachement des volontaires du jeûne de la mort. C’est suite aux directives du gouvernement AKP que Serdar a été hospitalisé de force de la prison de type F de Sincan vers l’hôpital de Numune à Ankara.
Le 7 janvier 2006, ils l’ont assassinés par une torture appelée “intervention médicale forcée”.
Notre camarade Serdar Demirel avait commencé son jeûne le 9 mai 2005 dans les rangs de l’unité de volontaires baptisée Fidan Kalsen, du nom de l’une des premières camarades tombées dans la Grande Résistance. Sa marche vers la mort, il la poursuivit pendant 7 mois dans les coteaux de la faim. Comme certains de ses camarades, il a même été jusqu’à tenter de s’immoler par le feu pour protester contre sa médicalisation forcée et pour briser les murs de l’isolement et de la censure.
Le 18 décembre 2005: Serdar Demirel se boute le feu au fond de sa cellule. La direction de la prison se rend compte de son action et intervient. Lorsque Serdar Demirel est emmené à l’infirmerie, il est légèrement brûlé à l’oreille et aux mains.
Le 28 décembre 2005: A l’infirmerie, il subit une violente torture psychologique. Les tortionnaires comprennent alors que leurs pressions ne suffisent pas à miner la détermination de Serdar. Le 28 décembre, les autorités emmènent Serdar à l’hôpital Numune à Ankara pour le nourrir de force. Le même jour, il est médicalisé contre son gré.
Le 29 décembre 2005: Serdar perd conscience. Il ne reconnaît même plus ses proches qui lui rendent visite. Lorsqu’il recouvre ses esprits, ce n’est que pour quelques instants. A ces moments-là, Serdar crie à la figure des “Mengele” qui son à son chevet: “Allez au diable!”
Le 7 janvier 2006: Serdar Demirel est couvert de blessures et de mutilations dues aux diverses tentatives de perfusion forcée. Serdar leur résiste mais une dernière médicalisation lui est fatale.
Le sauvetage de vies par “médicalisations forcées”, c’est en quelque sorte, la continuation de “l’opération de retour à la vie” menée le 19 décembre. Dans ce contexte, il faut imaginer ce qui se passe dans des prisons de type F aux murs épais et recouvertes des rideaux obscurs de la censure dirigées par un Cemil Ciçek qui n’hésite pas à recourir à la terreur, la menace et la coercition, ni à faire taire toutes celles et ceux qui disent la vérité sur son régime ou qui expriment ne fût-ce qu’une critique.
Que les oppresseurs le sachent:
NOUS VAINCRONS L’ISOLEMENT !
Cela fait cinq ans que le pouvoir cherche à éliminer nos opinions dans les cellules de la mort lente. Cela fait cinq ans que, par l’isolement, la répression, les châtiments, les tortures physiques, le pouvoir tente de nous faire abandonner notre lutte pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme. Cinq ans que nous continuons de résister avec le sacrifice et l’héroïsme de nos camarades.
En séparant les détenus les uns des autres, en isolant les détenus du monde extérieur, en isolant les diverses couches de la population les unes des autres, en isolant les diverses organisations les unes des autres, ils tentent d’écraser la résistance des peuples de Turquie qu’ils mènent contre la faim, l’oppression, la soumission et le pillage.
Tôt ou tard, nous taillerions l’isolement en pièces. Tant nos amis que nos ennemis peuvent en être sûrs. Cette grande résistance que nous poursuivons depuis cinq années en nous relayant le drapeau de Serdar Demirel et de ses camarades, constitue la base inébranlable de notre conviction et de notre ambition.
“L’Anatolie n’a à ce jour, jamais été condamnée au désespoir et à l’abattement… Aujourd’hui non plus… Car nous existons et nous continuons à résister et à donner vie à l’espoir. Cette résistance dans laquelle nos vies sont des graines qui se disséminent dans toute l’Anatolie et qui est la plus grande et la plus glorieuse des résistances de l’histoire contemporaine, nous la poursuivons malgré tout et malgré tous, avec la même détermination que celle qui nous animait le premier jour…”
Tant qu’il y aura des Serdar, les graines semées en Anatolie germeront et fleuriront au point de percer les murs de l’isolement destinés à contenir la lutte des peuples de Turquie. Cette lutte deviendra alors incompressible.
Notre camarade Serdar Demirel est l’une de ces graines qui ensemencent nos terres.
Les semences ont germé dans son cœur dans la deuxième moitié des années 1970. Des années où nous luttions contre le fascisme et l’impérialisme avec bravoure.
Serdar est né en 1964 à Cankiri (nord de la Turquie) dans une famille de fonctionnaires, c’est-à-dire une famille de la classe moyenne. Il passa un grand temps de sa vie à Istanbul. Comme sa famille et son entourage sont d’extraction révolutionnaire et démocrate, il a toujours ressenti une certaine familiarité à l’égard des idées révolutionnaires. C’est au lycée de Yeni Levent à Istanbul, qu’il commença à côtoyer les révolutionnaires. A l’époque, il n’était pas encore organisé mais était néanmoins engagé dans la lutte menée à l’école, notamment en prenant part aux actions de boycotts des cours. Cependant, c’est surtout après le coup d’état fasciste du 12 septembre qu’il sera acquis à la cause révolutionnaire. Durant les années qui suivirent le coup d’état, son frère fut capturé. A ceux qui lui demandaient ses affinités politiques, Serdar disait alors: “je suis un membre de Devrimci Sol par lien de consanguinité ”. Le jeûne de la mort qui se déroula dans les prisons en 1984 ont eu un grand impact sur lui. C’est dans ce contexte qu’il se forgea des qualités telles que la confiance en soi, le courage ainsi que la conviction en la justesse et en la légitimité de son combat. Il n’était désormais plus seulement un révolutionnaire par lien consanguin mais un révolutionnaire tout court.
En 1989, il s’organise dans Devrimci Sol. Très tôt, il s’engage dans les Unités révolutionnaires armées (lorsque le DHKC sera créé, ces unités seront rebaptisées en Unités de propagande armée). C’est là qu’il mit en pratique le principe de justice populaire contre les ennemis du peuple.
En juin 1991, il connut la captivité. La Cour de Sûreté de l’Etat de la ville de Malatya le jugea pour “appartenance aux Unités révolutionnaires armées de Devrimci Sol” et le condamna à la perpétuité. Jusqu’au massacre du 19 décembre 2000, il fut tour à tour incarcéré dans les prisons de Malatya, Bursa, Yozgat, Ordu et Bartin.
Il passa ainsi 14 de ses 17 années de vie révolutionnaire en captivité.
Ces cinq dernières années, il les passa dans une cellule de la prison de type F n° 1 de Sincan.
A l’instar de centaines de nos camarades qui se sont vaillamment sacrifiés dans le combat pour la liberté de nos peuples et l’indépendance de notre patrie, il se fit lui aussi volontaire du jeûne de la mort. Comme il le dit lui-même; “c’est lors des adieux avec mes camarades qui firent chemin vers le soleil, des camarades avec qui j’ai partagé de chaleureuses discussions, une gorgée de thé, une bouchée de pain et la lutte”, que ma colère contre les oppresseurs s’est aiguisée. Son amour pour le peuple et la patrie a grandi au point de déborder de sa cellule.
C’est précisément cet amour que l’oligarchie veut éliminer.
L’Etat oligarchique et le pouvoir ne soumettront jamais Serdar et ses compagnons !
Le gouvernement AKP qui change de chemise tel un caméléon, prêt à renier ses opinions et sa foi pour s’asseoir sur le fauteuil du pouvoir, veut forcer les révolutionnaires à se repentir. En se comportant ainsi, ce gouvernement prend sa propre situation, pour une réalité absolue.
Contrairement à ce gouvernement, Serdar et ses camarades ne se sont pas lancés sur cette route pour leurs intérêts personnels mais pour la liberté du peuple et l’indépendance de notre patrie. Ils ont assumé tous les risques dans cette lutte et c’est en héros qu’ils meurent. La voie que nous empruntons avec nos camarades défunts est celle de la libération du peuple.
Nous briserons l’isolement, pas à pas, en franchissant les obstacles les uns après les autres.
Nul ne doit penser que ces crimes demeureront impunis. Nous connaissons les criminels, ceux dont les mains sont maculées du sang de Serdar. Une nouvelle fois, nous nous adressons au gouvernement AKP: levez l’isolement ou alors, tôt ou tard, nous allons le faire nous mêmes. Ce jour-là, vous rendrez des comptes pour le sang qui colle à vos mains.
DEVRİMCİ HALK KURTULUŞ CEPHESİ
FRONT RÉVOLUTIONNAIRE DE LIBÉRATION DU PEUPLE